Cette thèse s’intéresse aux certifications avec label ou logo, chartes et systèmes participatifs de l’économie solidaire, désignés comme «dispositifs de qualité». Elle se propose de contribuer à l’analyse sociologique des dispositifs qui rendent possibles les échanges, que ces derniers soient marchands ou non. Le cas étudié porte sur un secteur ayant connu une multiplication et une diversification importante de ces dispositifs depuis les années 1990. La recherche privilégie une approche par les acteurs individuels et collectifs qui sont à l’origine de ces dispositifs ou les mettent en œuvre (et non par les consommateurs). Elle se fonde pour cela sur des entretiens semi-directifs auprès des membres de douze réseaux d’économie solidaire (commerce équitable, agriculture biologique, AMAP, SEL, tourisme...), des observations de l’élaboration et de la mise en œuvre des dispositifs de qualité, l’analyse de documents (notamment à l’aide du logiciel Alceste) et la passation d’un questionnaire.
La thèse vise à montrer que les dispositifs de qualité de l’économie solidaire ne sont pas principalement destinés à l’orientation des consommateurs mais sont élaborés et mis en œuvre par des acteurs individuels et collectifs pour promouvoir à travers des échanges économiques et sociaux, un ensemble de valeurs se voulant alternatives à celles de l’économie classique. La multiplication de ces dispositifs et les alertes quant à une possible confusion des consommateurs se trouvent ainsi éclairées d’un jour nouveau.
La genèse et le fonctionnement des dispositifs étudiés sont tout d’abord analysés, soulignant à la fois le rôle de ces démarches quant à la construction d’une identité collective et les enjeux qui les accompagnent en termes de démocratie. Une attention spécifique est ensuite portée aux représentations qui fondent ces dispositifs, concernant en particulier les fondements de la confiance et les conceptions de la qualité. Un dernier temps traite enfin des usages économiques, identitaires et contestataires des certifications, chartes et systèmes participatifs par des collectifs envisagés comme mouvements sociaux. L’hétérogénéité entre les profils et les attentes des producteurs les plus « engagés » d’une part, et des autres adhérents d’autre part, met en évidence les difficultés auxquelles l’instauration d’un dispositif est confrontée.
Mots clés : économie solidaire, qualité, dispositifs de jugement, prescripteurs, confiance, identité, mouvements sociaux, sociologie économique.